Droit à l'image — "pub de la pub"

Dans l'affaire qui opposait Carla Bruni et Nicolas Sarkozy à la compagnie Ryan Air pour l'utilisation d'une photo où le couple apparaissait, sans que l'autorisation en ait été donnée (Le Parisien, lundi 28 janvier 2008), la justice a tranché ce mardi : 60.000 € pour Carla Bruni (contre 500.000 € demandés par la chanteuse pour atteinte au droit à l'image), et 1€ symbolique pour Nicolas Sarkozy (ce qu'il avait demandé). Même si elle a considérablement rogné les sommes demandées, la justice a cependant reconnu le "dommage patrimonial et moral" causé à Carla Bruni. Bref, une bonne affaire pour tout le monde. Carla Bruni touche de l'argent pour un travail qu'elle n'a pas fourni, et entretient sa notoriété de « people ». Elle a d'ailleurs aussitôt annoncé que ses 60.000 € iraient aux Restos du Cœur. Cela n'est pas sans rappeler les "paparazzi", dont les stars ont besoin pour diffuser leur image, et qu'elles traînent régulièrement en justice pour les mêmes motifs. Et Ryan Air pour 60.001 € (plus 4.000 € de frais de procédure pour chacun des époux Sarkozy) s'offre une pub nettement moins chère que ce que lui aurait coûté l'engagement d'un mannequin aussi prestigieux que Carla Bruni. Ryan Air bénéficie en plus de la « pub de la pub » : tout le monde a parlé de sa pub, et on en parle encore aujourd'hui. Que veut le peuple... Le procédé est classique (RTL et bien d'autres annonceurs ont utilisé des montages publicitaires à partir de photos d'hommes politiques), mais c'est la première fois depuis 1970 qu'un président en exercice exerce une telle action. Georges Pompidou avait alors obtenu le retrait d'une publicité dans l'Express le montrant conduisant des bateaux à moteurs. La publicité était l'œuvre d'un jeune débutant d'alors, qui s'appelait Jacques Séguéla.