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Le blog de Philippe Bensimon
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23 février 2008

Marketing politique — Thèmes de campagne — Les transports gratuits

Une étude publiée voici quelques jours a montré que dans la plupart des grandes villes de France, les trois problèmes cités en majorité étaient le logement, les transports et la pollution. Ces deux derniers thèmes sont étroitement liés. Pendant que les Français s’interrogent, notamment à Montpellier où la gratuité des transports publics fait partie des arguments de campagne d'une des listes en présence (celle du chirurgien UMP Jacques Domergue), les Suisses agissent. En particulier dans le canton de Genève, où une initiative populaire va les conduire ce week-end à voter pour la gratuité des transports publics dans leur canton. Les "Pour" : Oui_au_TPG_gratuit L’initiative 127 pour la gratuité des transports publics est largement soutenue par de nombreuses associations, dont Greenpeace (lire l'article suivant sur ce blog). Mais il y a quand même un certain nombre d’opposants, et la bataille n’est pas encore gagnée. En 2003, le Français Jean-Sivardière, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports estimait dans le numéro de mars de 60 millions de consommateurs : - la gratuité n'est supportable que par les budgets des petites villes, - la disparition de la participation de l'usager ne serait pas compensée par la suppression des coûts de billettique, d'où une augmentation des impôts locaux qui serait mal acceptée, - la gratuité entraînerait une dégradation de la qualité des services, - risque accru d'incivilités et du vandalisme, - dévalorisation du transport public. A l’inverse, Jean-François Mayet, maire de Châteauroux , passé à la gratuité, écrivait : - En un an la fréquentation a doublé, - amélioration des dessertes, - augmentation du nombre d'arrêts, - augmentation sensible du nombre de kilomètres du réseau tout en maintenant l'enveloppe budgétaire. Sa ville souffrait auparavant d'une désaffection de ses transports publics, dont la billetterie ne couvrait que 14 % des dépenses de fonctionnement, 86% étant pris en charge par le versement transport des entreprises (0,60% des salaires au titre du versement transport). En 2008, pour Jacques Domergue à Montpellier, la gratuité des transports en commun pour tous c’est : - Une mesure écologique, pour faciliter l’utilisation des transports en commun non polluants. - Une mesure sociale, susceptible d’augmenter le pouvoir d’achat des Montpelliérains. - Une mesure économique, pour favoriser le commerce et le développement économique. Les "Contre" : Non_au_TPG_gratuit En Suisse, la majorité des opposants à la gratuité, comme l’UDC genevoise (extrême-droite), craignent une augmentation des impôts. De fait, une imposition supplémentaire serait très acceptable eu égard au coût annuel des tickets de bus pour les usagers des TPG (Transports Publics Genevois, 3 francs CHF pour la plupart des trajets), ou au coût du carburant et des parkings ou des amendes de stationnement, très élevés à Genève, pour les automobilistes. Les taxes professionnelles issues des commerçants devraient également financer une partie des coûts : on sait que les commerçants vendent plus dans les rues piétonnes, et que la circulation à pied dans des rues agréables et peu polluées entraîne une hausse des chiffres d’affaire. Enfin,les entreprises aussi y sont gagnantes : les gens viennent plus facilement travailler dans une ville où le coût de la vie est faible. Au-delà de cette qualité de la vie, viennent les problèmes de pollution : les grandes villes sont de plus en plus obligées de recourir à des systèmes de circulation alternée en fonction des plaques minéralogiques, ou de baisse de la vitesse des véhicules, solutions peu intéressantes. Or, la seule façon envisageable pour inciter les gens à délaisser leur véhicule apparemment gratuit (le coût n’est perçu que lorsque l’on passe à la pompe) semble bien être l’offre d’un produit de substitution également gratuit. D’autres opposants avancent un risque d’appauvrissement du réseau des TPG lié au passage à la gratuité. A mon sens, il s’agit là d’un faux problème. Ce risque est en fait lié au financement des transports et non à leur mode de financement. Voici donc un thème de campagne à méditer pour tous les candidats aux municipales de mars, particulièrement pour ceux dont le volet « social » est peu étoffé. En effet, le thème de la gratuité des transports est également corrélé à celui du pouvoir d’achat, thème qui vient en tête des sujets d’inquiétude des Français. Curieusement, à Genève, ce sont certains parmi les plus défavorisés qui vont pâtir de la gratuité des transports : ceux qui survivent en offrant le service de leur carte de transport aux voyageurs à la gare Cornavin verront peut-être dimanche leur gagne-pain disparaître subitement.
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