5 mai 2008
Marketing politique — Thème de campagne : honnêteté et mandat électoral — Fillon dresse son bilan — la dictature démocratique.
Marketing politique — Fillon dresse son bilan — Thème de campagne : honnêteté et mandat électoral — La dictature démocratique.
Après un an de gouvernement, François Charles Armand Fillon a dressé ce matin son bilan au micro de France Info (crédit photo : Benjamin Lemaire). Rien de neuf : le style est toujours lisse et policé, et le fond toujours ferme : quelle que soit la qualité de la voie dans laquelle il s’est engagé, le gouvernement ira jusqu’au bout, y compris contre la volonté des Français. C’est une option qui réduit la démocratie à l’instant unique du vote, le reste du temps étant une dictature plus ou moins éclairée. On ne peut même pas parler de véritable représentation, le mandat électoral ayant ceci de spécifique qu’il n’est pas obligatoire. Un agent immobilier ou un mandataire automobile sont plus représentatifs qu’un député ou un président : au moins, les premiers sont tenus d’accomplir la tâche pour laquelle ils ont été mandatés et à laquelle ils se sont engagés ; et l’absence de respect de leurs engagements les met sous le coup de poursuites civiles. Les couches les plus défavorisées qui ont voté pour le candidat Sarkozy et son représentant François Fillon se retrouvent aujourd’hui en difficulté du fait du non-respect des promesses électorales du président. Même si ces électeurs jurent qu’on le les y reprendra plus, ils n’ont plus aujourd’hui que les yeux pour pleurer. Après la monarchie républicaine (titre d’un ouvrage du constitutionaliste Maurice Duverger paru en 1974), voici la dictature démocratique.
Il serait temps qu’un homme politique honnête — si, ça existe — demande une réforme du mandat électoral, avec une responsabilisation civile et pénale de l’élu face au non-respect de ses engagements. Je suis certain qu’à force d’être floués par les gens auxquels ils ont fait confiance, les électeurs préfèreraient voter pour un individu moins proche de leur sensibilité politique mais forcé à l’honnêteté, plutôt que pour un beau parleur sur lequel ils ont appris à leurs dépens ne pas pouvoir compter. Cela dit, je suis moins sûr que ses collègues accepteraient de voter un tel texte… La plupart se retrouveraient ruinés et/ou en prison.
En tout cas, voici bien longtemps qu’un président honnête n’a pas été élu à la tête de la cinquième République. Parmi les derniers en date :
- François Mitterrand : promet qu’il gouvernera dans le sens des Français. Quelques semaines après son élection il supprime la peine de mort, contre la volonté de plus de deux tiers des Français (une bonne chose à mon sens, mais qui reste une trahison de ses promesses électorales) ;
- Jacques Chirac : candidat à sa réélection, promet une baisse des impôts de 35 % (pourquoi pas la Lune… Hitler avait déjà dit dans Mein Kampf : plus le mensonge est gros, et plus le peuple y croit). Est réélu ;
- Nicolas Sarkozy : candidat à la succession du précédent, promet une hausse du pouvoir d’achat. Est élu. Ce brave homme, qui connaissait sans doute mal les finances de l’Etat, découvre avec un petit sourire six mois après son arrivée au pouvoir que les caisses de l’Etat sont vides et que les pouvoirs d’un président sur les chefs d’entreprise sont limités. Bref, qu’il n’aura pas les moyens de tenir ses promesses. Etonnant, non ?
Un vieil adage juridique, faisant référence aux promesses et qualité des futurs époux, dit : « en matière de mariage, trompe qui peut ». L’union des électeurs et des élus semble pour le moment suivre le même régime.
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