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Le blog de Philippe Bensimon
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13 août 2008

Marketing politique — Jusqu'où peut-on abuser la confiance des électeurs ? – Le Tibet, Sakozy, Kaas et Goebbels

EleanorRooseveltHumanRights Jusqu’où peut-on abuser la confiance des électeurs ? Le problème n’est pas nouveau. Si ma mémoire est bonne, Goebbels, reprenant un passage du Mein Kampf d’Hitler, disait déjà : « plus le mensonge est gros, et mieux il passe ». L’Algérie française a été un bon exemple de ces mensonges : De Gaulle savait qu’il n’y avait pas de place pour un département d’Algérie, et que l’avenir consistait dans une Algérie indépendante, avec des liens aussi étroits que possibles avec la France. François Mitterrand avec le mensonge de Tchernobyl qui a coûté la vie à de nombreux Français et à commencé à générer des plaintes contre l’Etat a donné un autre exemple de gros mensonge. Mais le mensonge de Mitterrand était un mensonge sans risque : son ambition n’était pas de se présenter aux élections de 2012. Les mensonges de Sarkozy, élevés au rang de programme de communication, sont plus risqués : ils ne tiennent pas la route plus de quelques mois avant d’être démasqués. On a vu ainsi lors de la soirée mémorable du 6 janvier le président élu dénoncer avec un sourire cynique les mensonges du ministre candidat, avouant n’avoir aucun moyen d’action sur le pouvoir d’achat : les caisses de l’Etat sont vides et le président n’a aucun moyen d’action sur les entreprises. Plus récemment, pour contrer la pression de l’opinion publique lui reprochant de s’être déculotté devant la Chine sur la question du Tibet, le président du pays des Droits de l’Homme avait déclaré qu’il ne se rendrait pas à Canossa (Pékin en français) si les rapports entre le Dalaï-Lama et la Chine n’évoluaient pas. A ma connaissance, rien n’a évolué, et le plus bling-bling de nos hommes politiques n’a rien trouvé de mieux que d’aller à la cérémonie d’ouverture des J.O. Fallait vraiment qu’il n’ait rien de mieux à faire. Pour expliquer cela, il a eu en fin de semaine dernière un discours remarquable, disant en substance qu’il fallait aider, accompagner la Chine dans son évolution vers le respect des Droits de l’homme. Hilarant. Si ce n’est que les tibétains font les frais d’un ethnocide dont personne ne veut se préoccuper, et que le fait que la France « accompagne » la Chine leur fait une très belle jambe. Vendredi dernier, François Hollande déclarait avec humour : « la France vient de gagner sa première médaille aux J.O. de Pékin, celle de l’hypocrisie ». Les tibétains apprécieront. Ecœurant. Le Dalaï-Lama a été reçu partout, par Georges Bush (pourtant pas un champion des Droits de l’Homme), par Angela Merkel, etc. Nicolas Sarkozy est le seul à avoir refusé de le recevoir. Officiellement, le DL n’a pas soumis de demande officielle, pour ne pas mettre la France en porte-à-faux vis-à-vis de Pékin. Ce matin, le chef spirituel, qui est aussi chef du gouvernement tibétain en exil, a été reçu au sénat par les deux groupes parlementaires chargés du Tibet. La réception n’a pas eu lieu dans l’hémicycle, mais dans un simple bureau, ce qui a rappelé la visite du commandant Massoud, autre défenseur de la liberté que la France a joyeusement écarté. Ce matin, le Canard enchaîné titrait à propos de celui qui a reçu le prix Nobel de la paix : « L’évité d’honneur ». Le prix Nobel n’est pas décerné en France… Cette réception sans faste sera le seul intermède politique de 12 jours de visite en France du Dalaï-Lama. A la fin de sa visite, on lui concèdera une entrevue dans l’Hérault avec Carla Bruni-Sarkozy. Elle pourra lui parler de son nouveau CD, et tenter de négocier avec lui une traduction en tibétain… Le député socialiste Manuel Valls se disait hier « pantois » devant les subtilités de la diplomatie française, et regrette que Sarkozy n’ait pas insisté pour recevoir le DL. Il ignorait alors une nouvelle qui est tombée ce matin : le président français recevra le Dalaï-Lama le 10 décembre, lorsque la vitrine médiatique des JO se sera refermée et que l’audience du DL sera redevenue quasi inexistante. Ironie du sort ou choix cynique du président, le 10 décembre est l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, faite à Paris en 1948… Cette déclaration que Jeane Kirkpatrick, devant le décalage entre les postures des hommes politiques et leurs actions, dénonçait comme « la lettre du Père Noël ». (Photo : Eleanor Roosevelt tenant la traduction en espagnol de la déclaration) On savait déjà que la réception par la Chine au printemps d’un émissaire du DL était une mise en scène destinée à faire taire l’opinion publique internationale tant que les J.O. ne seraient pas terminés. Jeux qu’il y a quelques jours à 10h06 sur France-Info, un journaliste victime d’un lapsus linguae baptisait « Jeux Politiques de Pékin », avant de se reprendre piteusement. Freud aurait apprécié. Au-delà des faits, on peut s’interroger sur l’avenir de notre pays, avec à sa tête un président tout en paillettes, chaussures de luxe et faux-semblants, devenu incapable de dire « non » à ce qui ressemble fort à un crime contre l’humanité. Depuis plusieurs années, je propose à mes clients de prendre une position visant à responsabiliser la classe politique. Le jour où le mandat électif sera un vrai mandat, avec une obligation pour un élu de respecter ses promesses sous contrôle d’une commission indépendante, et où la parole d’un chef d’Etat, d’un premier ministre ou d’un membre du gouvernement engagera sa responsabilité civile et pénale, là, la classe politique redeviendra crédible. Aujourd’hui, la parole d’un Sarkozy ne vaut plus rien. Ce « rien » suffira-t-il à le faire réélire en 2012 ? Hitler l’avait compris, les peuples veulent du rêve. Gageons que Sarkozy saura trouver d’ici quatre ans un mensonge encore plus gros que celui du pouvoir d’achat. Nul n’est plus crédule que celui qui veut croire, et les électeurs ont la mémoire très courte. Kaas/Goldman le disent très bien, parlant « …des mensonges et des bêtises qu’un enfant ne croirait pas. Il me dit que je suis reine, et pauvre de moi j’y crois ». Bref, on comprend mieux pourquoi la responsabilisation des politiques est un vieux serpent de mer, qui émerge de temps en temps pour disparaître presque aussitôt. Ph Bensimon Liens à consulter sur le web : 1994/45. Projet de déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtone http://www.unhchr.ch/huridocda/huridoca.nsf/(Symbol)/E.CN.4.SUB.2.RES.1994.45.Fr?OpenDocument ...et l’article Génocide : http://www.operationspaix.net/-Genocide-
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