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Le blog de Philippe Bensimon
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25 décembre 2008

Image et test en politique. Rambo. Dernier Baromètre BVA politique

Image et test en politique. Rambo. Dernier Baromètre BVA politique Il est difficile de gouverner contre l’avis de son peuple. Nicolas Machiavel dans Le Prince déconseillait déjà il y a quelques siècles cette pratique (cf. article sur ce blog à propos de Machiavel). Il semble donc sain lorsque l’on a une idée de la tester auprès du public avant de la mettre en pratique, et, en cas d’avis défavorable d’une part importante de la population, de la modifier( pour la rendre acceptable, voire d’y renoncer. Non seulement c’est ce qui différencie la démocratie (gouvernement du peuple par le peuple) des autres régimes politiques, mais aussi, dans l’optique machiavélique, il y va de l’intérêt bien compris des dirigeants. Il y a de leur réélection, et le point est d’autant plus sensible que les mandats sont courts. Sans parler du risque de soulèvement populaire pouvant aboutir à l’éviction des dirigeants. L’actualité mondiale récente a montré que ce risque est loin d’être négligeable, même si dans un pays comme le nôtre les gens n’ont pas encore suffisamment faim pour se révolter. Bref, tester une idée relève de la logique politique, aussi bien pour les candidats qui devraient tester leurs programmes que pour les gouvernant désireux de modifier la loi ou la réglementation. Le problème est : « comment ?» Quatre méthodes existent pour prévoir les réactions d’une population : – 1. la méthode quantitative (sondage sur échantillon représentatif), Elle fournira en particulier le pourcentage approximatif des citoyens qui jugeront une idée acceptable, – 2. la méthode qualitative (à partir d’interviews en profondeur de petits groupes de personnes). On pourra ainsi obtenir une idée des réactions du public, et avoir une image de la mesure dans celui-ci. La première méthode est celle de Sherlock Holmes scrutant le terrain avec sa loupe (précurseur de la police scientifique !). La seconde est celle de Maigret, accoudé au comptoir des bistrots, à l’écoute des rumeurs et des confidences. Il existe deux autres méthodes : 3. Celle de Poirot, trouvant la clé du mystère grâce à sa logique implacable et sa grande connaissance de la nature humaine. 4. Et celle de Rambo, envoyé sur le terrain en éclaireur, qui risque sa peau à chaque fois et n’en réchappe que par une chance qui lui colle à la peau par la grâce des scénaristes et la logique financière des héros récurrents. Tout le monde ne s’appelle pas Hercule Poirot. Les scores de Nicolas Sarkozy au premier trimestre 2008 montrent en tout cas son peu de filiation avec le héros belge. RamboBeaucoup d’analystes aujourd’hui estiment que le gouvernement joue avec la méthode Rambo : des ministres lancent des « ballons d’essai » gouvernementaux, quitte à se faire officiellement « désavouer » ensuite. Ces dernieres semaines on a ainsi vu Rachida Dati parler de « bon sens » au sujet de la proposition d’incarcération des mineurs de 12 ans, et quelques heures plus tard François Fillon déclarer qu’il était hors de question d’envisager une telle mesure. De même, on a vu Christine Boutin, ministre du logement, préconiser le ramassage et le placement en foyer des SDF, pour s’entendre contrer très peu de temps après par Nicolas Sarkozy lui-même, signalant qu’aucune mesure contraignante ne serait prise, et François Fillon – même si le samedi 14 décembre, au micro de Laurent Ruquier (« on n’est pas couchés »), Christine Boutin a tenté de dire que depuis le début Fillon et elle étaient « sur la même ligne. » L’annonce de Rachida Dati avait soulevé un tollé général, y compris dans la magistrature. Celle de Christine Boutin avait vu monter au créneau, entre autres, toutes les associations soucieuses de la défense des droit de l’homme et des libertés individuelles. L’avantage de la méthode Rambo est certes la rapidité, la souplesse et le peu de coût financier. Le problème est que Rambo, dans la réalité, ne revient pas toujours vivant de ses missions. Dans l’armée, l’espérance de vie des éclaireurs est loin d’égaler celle des généraux. Nous avons déjà eu l’occasion de dire combien une image est longue à construire (pensez-y, futurs candidats à des élections, ce n’est pas en quinze jours ni même en trois mois que vous pouvez espérer mener une campagne électorale). Nous avons aussi dit combien est rapide la destruction d’une image : Nixon et le Watergate, Dominique Baudis et les soirées roses toulousaines, Nicolas Sarkozy passant en quelques mois du statut de candidat élu à celui de président le plus décrié de la 5e république en sont autant d’exemples. Que reste d’il de l’image de Rachida Dati et de Fillon après leurs échanges ? François Fillon manque-t-il de bon sens ? Le garde des sceaux a-t-il un « bon sens » différent du « bon sens » de son supérieur ? Où est l’unité au sein du gouvernement ? Existe-t-il une réflexion commune avant l’annonce faite par un ministre – dont il faut bien noter qu’il est difficile désormais de distinguer s’il parle en son nom personnel ou au nom du gouvernement. Ce qui est sûr par contre, c’est que, de Dati ou de Fillon, un des deux est dans l’erreur. J’ai le sentiment que la démarche, hâtive, correspond au désir de répondre instantanément, de surfer sur l’actualité. Or, on sait qu’agir sur l’émotion ne permet pas le recul nécessaire à la prise de décisions pertinentes. S’occuper en hiver du sort des SDF parce que les médias comptent les morts n’est pas très sérieux, surtout quand on décide de traiter les symptômes plutôt que les causes. Rajoutez le fait que la mesure choisie ne s’appliquera que deux ou trois soirs par an à Paris (les soirs où le mercure descend à –6°C), et vous aurez une idée du désastre. Pour en revenir à nos éclaireurs qui acceptent de se prêter à ce jeu ou le subissent – même involontairement –, je crains pour leur image et leur carrière future. Bénéficient-ils de « parachutes » plus ou moins dorés ? Toujours est-il que dans cette guerre, à force de tirer sur ses propres éclaireurs, le chef de l’Etat risque de voir son image passablement ternie. Le dernier Baromètre BVA (25 novembre) le donne remontant un peu la pente par rapport au sombre début de l’année ; cela dit, cette remontée s’explique essentiellement par la nécessité en temps de crise de se rassembler autour d’un chef, et l’absence totale de prétendant à ce titre dans la classe politique française. Fragile image. L’électrochoc des Twin Towers avait créé le rassemblement des Américains affolés autour de leur chef George Bush. Aujourd’hui le journaliste tireur de chaussure irakien Mountazer al-Zaïdi qui a failli faire un carton sur le futur ex-président passe pour un héros au plan mondial…
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