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Le blog de Philippe Bensimon
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11 février 2009

Jeudi noir...

Jeudi noir… Jeudi dernier, Nicolas Sarkozy a donné une conférence de presse qui a été particulièrement suivie : 15 millions de spectateurs contre 12 millions pour la précédente. Cela montre l’importance des attentes des Français vis à vis du chef de l’Etat, considéré par eux comme celui qui peut sortir le pays de la crise et redonner aux citoyens le pouvoir d’achat nécessaire. Malheureusement, l’image que le président de la République a donné de lui ne correspondait pas à ces attentes, et la sanction a été immédiate : chute dans les sondages. Le problème de Nicolas Sarkozy aujourd’hui est double : d’une part, il faudrait qu’il donne une trajectoire, une impulsion pour sortir de la crise, donc qu’il montre en comprendre les causes. Or, on assiste à un saupoudrage, plutôt en faveur des classes aisées et du patronat. La suppression de la taxe professionnelle, vieux serpent de mer de la politique que personne n’a jamais osé appliquer, en fait partie. C’est un cadeau fait au patronat, qui est le seul à s’en féliciter. Normal, comme les communes dont c’est parfois 45% des recettes vont devoir chercher ailleurs leurs subsides, on se doute que d’autres impôts – locaux ou autres – vont augmenter. Des impôts qui risquent d’être moins bien ciblés, et de toucher les citoyens sans tenir compte de leurs revenus. Le plan de soutien à l’industrie automobile (6,5 milliards d’euros !) est du même acabit. Or, l’industrie automobile n’a pas de gros besoins en investissement. La crise actuelle n’est pas une crise de l’investissement, ni celle d’un manque de compétitivité, c’est une crise du pouvoir d’achat et de la consommation. Michel Serre n’aime pas le terme « relance », au motif que la sortie d’une crise ne ramène jamais au statu quo ante et que vouloir revenir en arrière est utopique, voire néfaste. Il a parfaitement raison. Cela dit, donner du pouvoir d’achat aux gens les moins favorisés, ceux qui n’épargnent pas et qui consomment tout ce qu’on leur donne, en leur rendant une part de leur argent (baisses d’impôt, allocations, etc.), voilà qui a du sens. Si la consommation reprend, les ventes tireront la production, la production tirera l’embauche, l’embauche tirera le pouvoir d’achat, et le cercle vertueux sera amorcé. Je ne dis pas que cela se passera comme cela, mais l’idée se défend. Maintenir sous perfusion l’industrie automobile ne donnera pas aux Français les moyens ni l’envie de s’acheter de nouvelles voitures. Ca maintient en vie artificiellement le malade (l’industrie automobile, les banques, etc.), mais ça ne le soigne pas. Et ça appauvrit d’autant l’hôpital qui finance… en l’occurrence les contribuables, vivants et à venir. Le second problème auquel se heurte en termes d’image Nicolas Sarkozy a pour nom… Barack Obama. Même si son plan de relance met un peu de temps à être voté, et même si pour cela on a le sentiment que le nouveau président américain repart plus ou moins en campagne, on a le sentiment que Barack Obama sait où il va : son plan – même s’il est discutable, de toute façon on n’est pas ici dans un blog d’économie – est cohérent. Il est massif (et on sait que les demi-mesure ne mènent à rien, il y a des « tickets d’entrée » à payer), et l’image qu’il s’est forgée est suffisante pour assurer à son plan la crédibilité nécessaire auprès du public. Il respecte le principe de concentration des forces, et, surtout, il respecte le principe de Machiavel : gouverner en s’appuyant sur son peuple. Les Français ne peuvent pas s’empêcher de faire la comparaison entre les moyens mis en œuvre pour leur venir en aide (la promesse de supprimer la première tranche d’imposition), et ceux mis en œuvre par Barack Obama pour venir en aide aux Américains. Or, en cette période de crise, c’est bien là que le bât blesse : en se coupant de son peuple par une image trop « bling-bling », et des mesures exclusivement destinées aux plus riches et à ses amis industriels (Bolloré, Lagardère, Bouyghes), Nicolas Sarkozy c’est coupé des Français. Là où les Espagnols (pas mieux lotis que nous en termes de chômage et de crise) soutiennent leur gouvernement, les Français réagissent par des grèves sectorielles ou générales. Le fait que le chef de l’Etat dans sa conférence de jeudi dernier ait fait l’impasse sur la situation explosive des DOM-TOM, sur le paquet fiscal, etc. est symptomatique. Les Français, désormais à l’affût des moindres signaux, n’ont pas laissé passer : la confiance a disparu.
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